Le Titre de la semaine - N°3 Time

Publié le par La Rédac Chef

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cover of the year
Time est la magazine d'actualité phare du groupe AOL Time Warner. Même si ses origines américaines se font bien sentir, ce n'est pas le CNN ou le Fox News de la presse américaine. C'est un titre mondial comptant des déclinaisons grosso modo sur chaque continent. Les varations d'une édition à l'autre sont relativement légères car les grands dossiers qui font la qualité du Time sont tranverses à tous les pays. La couverture et la langue utilisée (l'anglais) est la même partout.

Chaque année, la couverture du dernier numéro met les projecteurs sur la personne qui a le plus marqué la rédaction au cours de l'année écoulée. L'an dernier, c'était nous, bloggeurs, e-citoyens et internautes anonymes, cette année, c'est Vladimir Putin, chef d'état de son état : la Russie. A première vue, on s'étonne de ce choix. Mais quand on lit les explications de la rédaction sur ce choix, on ne peut qu'approuver. En effet, être la "Person of the Year" du Time n'est cetrainement pas un état de peoplisation ou une côte de popularité, c'est un illustration peu anodine de notre monde et des personnes qui sont assez influentes pour le changer, en bien ou en mal. Le Time joue l'équilibre, la sobriété et la clarté et c'est rare dans la presse française.

Grand journalisme et procédé de la presse gratuite
Comme pour la séléction de la "Person of the Year", les journalistes et la rédaction du Time cherchent toujours l'équilibre parfait entre information, investigation et, j'ose le dire, l'entertainement. Rarement sensationalistes, les gros dossiers et les articles consistants sont toujours très sérieux avec un brin d'humour (le journaliste parle à la première personnes et livre des anecdotes personnelles) et de théatralisation (surtout graphique) mais ne tombent jamais dans l'émotion ou le procès à charge. Paradoxallement, les premières pages et la page people ressemble à des pages d'un gratuit : beaucoup de brèves courtes sur des faits, peu d'explication mais le Time ajoute toujours des mises en perspectives ou des indications de contextes très utiles. La forme est totalement adpatée au fond.
La presse a toujours eu un rôle plus pédagogique et d'investigation que les autres médias, mais il lui faut aussi tenir ses lecteurs informés de l'actualité. Le Time a trouvé un bon équilibre entre l'actualité et l'investigation, entre les fait divers du village (style Le Parisien) et les papiers intellos du Monde. Le problème en France, c'est justement quand le Parisien essaye de faire des papiers intellos et que le Monde essaye de faire de l'actu...
Les news magazines français tel que l'Express ont un équilibre similaire à celui du Time (peut-être pompé outre-atlantique ?). Toutefois, il leur manque des arguments de poids pour rivaliser avec le traitement de l'info du Time : la liberté de ton et la clarté éditoriale.

Quand on a toutes les cartes de l'information en main, on peut jouer
Le Time fabrique humblement de l'info qu'on a envie de lire, qui apprends des choses à ses lecteurs et qui ne les trompe pas sur la marchandise, qu'elle soit un simple fait divers, un point de vue ou une analyse complexe. Quand l'Express titre "Sarkozy tient-il les médias?", on sent déjà le procès à charge et on sent venir les réponses = pas très enrichissant. Mais quand la "Person of the Year" est Putin, on se demande d'abord pourquoi ? et puis on se pose des questions (les bonnes), et finalement on a envie d'en savoir plus, on lit, on apprend, on sait qui nous délivre le message et pour quoi, on comprends et on en sort grandi. Toute cette démarche est possible avec le Time parce qu'il nous donne toute les cartes pour jouer le jeu de l'information et de la communication : qui parle à qui, comment, pourquoi et dans quel contexte. Je ne pense pas qu'un titre français donne cette possibilité.
Les journalistes écrivant les articles de fonds et les dossiers ont une grande liberté de ton (en tous cas plus qu'en France) et ça se sent. Le style est plus direct, plus franc, plus clair qu'en France. L'exemple criant est ce journaliste qui commence un dossier sur "l'héritage" social de la tuerie de Columbines aux Etats-Unis (2001) en racontact qu'il cachait son arme à feu sous son lit quand il etait jeunes dans les années 60. Une belle preuve d'aveux de la proximité du journaliste avec le sujet qui met totalement l'analyse en perspective aux yeux du lecteur. Quand on a toute les cartes de l'information en main, on peut jouer...


Est-ce que pour autant l'information est plus sûre dans le Time ou dans l'Express ? Pas sûr. En tous cas, le Time délivre sans prétention et avec justesse ce que le lecteur vient chercher dans un news magazine : des news et du "magazine".

Publié dans Medialand

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